Histoire [modifier]
Article détaillé : Histoire de la langue anglaise.
L’anglais est une langue germanique occidentale dont l'origine se trouve dans les dialectes anglo-frisons qui ont été apportés sur l’île de Bretagne par les tribus germaniques venues s’y installer, et fortement influencée ensuite, surtout au plan lexical, par les langues des colons originaires de Scandinavie, de Normandie et du nord de la France en général au Moyen Âge, puis par le français moderne. Comme pour d'autres langues, des emprunts au grec ancien et au latin ont enrichi de manière constante le lexique jusqu'à aujourd'hui. Les autres idiomes romans, ainsi que les parlers des anciennes colonies ont influencé l'anglais britannique de manière beaucoup moins significative. Par contre, ces influences sont réelles dans différents pays anglophones (influence des langues de substrat), qui constituent donc des variétés qui peuvent à leur tour marquer l'anglais britannique (l'anglo-américain par exemple).
Classification [modifier]
L'anglais est une langue germanique, famille au sein de laquelle les langues vivantes les plus proches sont le frison et le scots, mais qui a néanmoins subi à plusieurs reprises l'influence d'autres langues germaniques comme le vieux norrois, de diverses langues romanes, surtout le français, influence latino-romane que l'on remarque non seulement dans les mots qui sont a priori des emprunts lexicaux (déjà vu ou rendez-vous, expressions françaises utilisées en anglais ; embargo de l'espagnol ; cupola, folio ou stiletto de l'italien), mais encore dans de très nombreux mots à étymon latin (comme expect ← exspectare, school ← schola, ou scuttle ← scutela). Un très grand nombre d'emprunts au français ont gardé leur orthographe d'origine (queue, table, intelligent, centre, attention) mais sont prononcés différemment.
Répartition géographique [modifier]
L’anglais dans le monde. En bleu foncé, les pays où l'anglais est officiel ou
de facto officiel. En bleu clair, pays où il est langue officielle (sauf pour le
Québec, une province) mais pas la première langue parlée.
Diagramme circulaire donnant les proportions relatives des locuteurs dont l'anglais est la langue maternelle dans les grands pays anglophones du monde.
Statut officiel [modifier]
Article détaillé : Anglais (langue officielle).
Les pays où l'anglais est la première langue. |
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L'anglais est aussi la langue officielle de certains villages de la République dominicaine, proches de la frontière haïtienne (où l'on parle un anglais du XIXe siècle, issu d'anciens esclaves des États du sud des États-Unis ayant fui la guerre de Sécession).
L'anglais est aussi l'une des premières langues du Belize (avec l'espagnol), du Canada (anglais canadien, avec le français), de l'Inde (hindi et anglais ainsi que 21 autres langues d'État), de l'Irlande (avec l'irlandais), du Singapour (avec le malais, le mandarin, le tamil et d'autres langues asiatiques), de l'Afrique du Sud (avec le zoulou, le xhosa, l'afrikaans, et le sotho du nord) et de l'Égypte. C'est la langue non officielle la plus utilisée en Israël et aux Émirats arabes unis (langue de communication de la population à 74 % étrangère). C'est la langue usuelle dans l'île de Saint-Martin relevant pour partie de la France et pour partie du royaume des Pays-Bas.
À Hong Kong, c'est une langue officielle et largement utilisée dans le monde des affaires. Apprise dès le jardin d'enfants, elle est la langue d'instruction de quelques écoles primaires, de nombreuses écoles secondaires et de toutes les universités. Un nombre important d'étudiants acquièrent un niveau de locuteur anglophone. Cette langue y est si largement utilisée qu'il est inadéquat de dire qu'elle n'est qu'une seconde langue ou une langue étrangère. En Thaïlande, l'anglais est également utilisé pour les affaires mais après le chinois.
Les pays où l'anglais est une langue officielle. |
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Langues dérivées [modifier]
L'anglais a donné naissance :
- à de nombreux pidgins et créoles ;
- au Basic English, langue artificielle créée par C. K. Ogden et I. A. Richards en 1930. Celle-ci ne comporte pas plus que 850 mots : ceux qui sont indispensables à la vie quotidienne (expression de sentiments inclus) plus ceux nécessaires pour définir les autres le temps d'une conversation ;
- au special English (anglais spécial), composé de 2000 mots environ, excluant les idiotismes et parlé à vitesse réduite (25 % moins vite qu'une diction normale) ; cette variété d'anglais est une des langues utilisées par la radio VOA (The Voice of America) pour la diffusion de ses émissions dans le monde entier ;
- au simple English, une langue de Wikipédia où sont transcrits des articles écrits originellement dans un anglais plus riche mais plus difficile d'accès.
Diffusion de l'anglais [modifier]
La mondialisation libérale, catalyseur de la diffusion de l'anglais [modifier]
L'influence de l'anglais croît depuis plusieurs décennies du fait de la mondialisation des échanges commerciaux et technologiques, dominés par de grandes puissances parlant cette langue, le Royaume-Uni et les États-Unis en particulier. Écrivant en 1989, Maurice Pergnier[3], évoque cette situation en ces termes :
- « La suprématie socio-économique des États-Unis, d'où découle une puissante hégémonie culturelle, a fait de l'anglais, en quelques décennies, la langue de communication universelle incontestée. Il n'y a guère de précédents (…) si on excepte le cas (…) du latin, de la fin de l'Antiquité à la Renaissance ».
La prédominance de l'anglais a remplacé celle du français au XXe siècle, à la suite des deux guerres mondiales dont la France est sortie exsangue et du renforcement du poids politique et économique des États-Unis.
L'opinion selon laquelle l'anglais serait la langue de communication universelle incontestée, ainsi que le choix le plus adapté en matière de communication internationale, est très vivement contestée (voir Rapport Grin et espéranto).
L'anglais occupe des positions de plus en plus fortes dans le monde, et en particulier en Europe. Le linguiste Claude Hagège estime que la raison en est le développement considérable, dans l'Europe contemporaine, de l'économie libérale, dont l'anglais est le support. Ni la Commission européenne ni les États européens n'ont jusqu'ici réagi d'une façon concertée et efficace à cette situation, dont ils n'ont pas encore sérieusement aperçu les enjeux[réf. nécessaire][4]. À l'origine des assises libérales de l'anglais, une solidarité naturelle unit la langue anglaise et l'idéologie libre-échangiste, qui a dominé la conception anglaise des relations humaines et commerciales depuis David Hume (1740) et Adam Smith (1776), lesquels ont inspiré les doctrines libérales de David Ricardo (1817) et John Stuart Mill (1848)[5].
Claude Truchot estime que l'usage de termes anglais dans le discours, qui est une pratique qui s'est renforcée depuis une quinzaine d'années, revêt une dimension idéologique, dans la mesure où son objectif est d'exprimer la modernité et l'internationalité en évitant l'usage de la langue maternelle[6].
Diffusion dans les sciences et les techniques [modifier]
L'emploi de mots anglais est notable dans des secteurs comme l'informatique, les télécommunications comme le fut (et l'est toujours, d'ailleurs) l'italien pour la musique. Mais les nouvelles technologies (DVD multi-langues, mondialisation de l'internet) et l'adaptation des entreprises à leurs clients (CNN diffusant en plusieurs langues, Microsoft fabriquant le logiciel Windows en plusieurs langues) ont porté un coup relatif à cette domination de l'anglais. L'anglais est depuis 1951 la langue utilisée dans l'aviation, sur décision de l'OACI. De plus en plus de travaux de recherches scientifiques (thèses, études, etc.) sont rédigés en anglais ou font l'objet d'une traduction dans cette langue.
Dans certains États non anglophones (comme la Suisse), l'anglais est devenu langue officielle dans une partie de l'enseignement supérieur.
Diffusion dans les relations internationales [modifier]
Au cours du XIXe siècle, l'anglais a acquis dans le monde la place de la langue la plus fréquemment utilisée dans les rencontres internationales, même si le multilinguisme reste la norme. Alors que le français était jusqu'à la Première Guerre mondiale la langue privilégiée des relations diplomatiques et des relations contractuelles, l'importance croissante des États anglophones dans les relations internationales a favorisé l'emploi de l'anglais au détriment du français ou de l'allemand.
Extension de la base de locuteurs [modifier]
L'anglais est la seconde langue, officielle ou de facto, de très nombreux États, dont certains à forte croissance démographique (Nigéria par exemple). C'est la langue étrangère la plus apprise au monde, avec un nombre toujours croissant d'apprenants ; il bénéficie ainsi d'une diffusion dans tous les pays sur tous les continents, avec une base toujours croissante de locuteurs[Note 1].
Certains chercheurs[réf. nécessaire] s'inquiètent du risque d'évolution non maîtrisée de la langue (changement de sens des mots, simplifications grammaticales, modification de la prononciation) en constatant le poids croissant du nombre de locuteurs ne maîtrisant que peu ou mal la langue par rapport au nombre de locuteurs instruits ayant l'anglais pour langue maternelle.
Selon le service de la recherche pédagogique de Hanovre, il existe un décalage important dans l'apprentissage de l'anglais comme seconde langue entre le niveau qu'estiment posséder les utilisateurs et leur véritable maîtrise. Ainsi, il a été demandé à des élèves qui pratiquaient depuis 8 à 10 ans d'estimer leur niveau de compétence : 34 % ont répondu très bien, 38 % ont répondu bien; par contre, à la suite d'un test d'évaluation on s'est rendu compte que seulement 1 % des étudiants maîtrisaient très bien l'anglais, et seulement 4 % le maîtrisaient bien [7],[8].
Dans le cadre d’une étude réalisée en 2000 et publiée dans le numéro 26-27, 2002, de Läkartidningen, revue spécialisée destinée aux médecins suédois, 111 médecins généralistes danois, suédois et norvégiens ont lu le même article synoptique pendant 10 minutes. La moitié l’a lu dans sa langue maternelle, l’autre moitié en anglais. Des questions étaient posées tout de suite après la lecture. En général, tous les médecins danois, norvégiens et suédois sont relativement à l’aise avec la langue anglaise grâce à l’enseignement reçu à l’école et grâce également à la télévision, au cinéma et aux chansons. De plus, leur langue est apparentée à l’anglais. Ils lisent également des ouvrages d’études en anglais, sont abonnés à des revues médicales en anglais. Dans le cadre de cette étude, les médecins avaient indiqué qu’ils comprenaient tous l’anglais. 42 % d’entre eux avaient même signalé qu’ils lisaient chaque semaine des communiqués en anglais. Cette étude a révélé que les médecins qui avaient lu le texte en anglais avaient perdu 25 % des informations par rapport au même texte lu dans leur langue maternelle.
Polémique sur cette diffusion [modifier]
Dans un discours prononcé aux États-Unis en 2000, Margaret Thatcher liait la domination de l'anglais à la domination politique et économique de ce pays [9] : « Au XXIe siècle, le pouvoir dominant est l'Amérique, le langage dominant est l'anglais, le modèle économique dominant est le capitalisme anglo-saxon » [10].
Certains chercheurs dénoncent cette domination croissante[11], qu'ils qualifient d'impérialisme linguistique[Note 2], et les risques qui, selon eux, peuvent en découler, notamment le risque d'hégémonie (l'anglais prend la place d'autres langues) ou de sélection sociale (il faut parler anglais pour faire partie de l'élite).
C'est dans cette perspective qu'est décerné en France le prix de la carpette anglaise destiné à critiquer les personnalités françaises ayant mis un zèle particulier dans l'emploi injustifié de l'anglais.
En particulier depuis le 1er mai 2008, le Protocole de Londres impose de connaître l'anglais ou l'allemand pour ne pas enfreindre la loi sur les brevets[réf. nécessaire], ce qui contreviendrait à la constitution française qui définit le français comme langue nationale.
Il existe des études, telles le rapport Grin, qui cherchent à quantifier cette influence et à évaluer les alternatives.
Influences indirectes [modifier]
L'influence de la langue anglaise (en fait de l'anglo-américain) traduit la puissance économique et politique des États-Unis et leur influence dans le monde, bien plus que celle du Royaume-Uni, berceau de la langue anglaise. Elle s'accompagne plus généralement d'une influence socioculturelle, qui s'exerce, outre la langue, par le social learning et le cinéma[12]. Elle peut ainsi avoir un impact non négligeable sur les modes de vie des pays non anglophones, par le phénomène d'américanisati